L’Europe est-elle désormais seule face à la menace russe ?



Publié par Paul-Gabriel LANTZ le 4 Décembre 2025

Le 1ᵉʳ décembre 2025, dans The Atlantic, le général allemand Christian Freuding affirme que le Pentagone a « coupé, vraiment coupé » les communications directes avec la Bundeswehr, y compris sur l’Ukraine. Berlin serait désormais contraint de passer par son ambassade à Washington pour joindre ses homologues américains. Cette révélation, confirmée par plusieurs sources allemandes, intervient alors qu’un autre événement inédit secoue l’Alliance : le secrétaire d’État américain Marco Rubio a annulé sa participation à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN prévue à Bruxelles les 2-3 décembre 2025, où le soutien à Kyiv devait dominer l’ordre du jour. Aucune explication n’a été fournie, et son adjoint Christopher Landau assurera sa place. Pour d’anciens responsables de l’Alliance, une telle absence est « extrêmement rare » et constitue un signal politique préoccupant.



Un gel des échanges militaires qui interroge

Pentagone - Wikimédia Commons
Les propos de Christian Freuding — ancien chef du Lagezentrum Ukraine et nouveau patron de l’armée de terre allemande — ont provoqué un écho immédiat dans la presse allemande. Il décrit un arrêt brutal des canaux de communication militaires, obligeant Berlin à passer par la voie diplomatique classique. Le ministère de la Défense allemand a tenté de nuancer en évoquant un « creux » lié à la transition politique américaine, sans nier une période de ralentissement réel. Les États-Unis n’ont, à ce stade, publié aucun démenti clair. Dans le même temps, l’absence de Rubio est interprétée comme un geste politique : les États-Unis semblent réduire leur implication directe au sein des mécanismes décisionnels de l’Alliance, au moment même où l’Ukraine dépend de ces arbitrages. Plusieurs sources diplomatiques confirment que Washington pourrait reconsidérer certaines orientations et chercher un rôle plus distant, davantage proche d’un médiateur que d’un pilier de l’Alliance.

 

Une recomposition silencieuse de l’équilibre transatlantique

Soldat allemand - wikimédia commons
Ces deux signaux, le gel opérationnel dénoncé par Freuding, s’il se confirme et l’absence symbolique de Rubio au sommet de l’OTAN du début du mois, ne relèvent pas d’incidents isolés mais d’une dynamique convergente. L’Allemagne, engagée la consolidation de sa position de puissance militaire centrale en Europe, voit s’affaiblir le lien structurel avec le Pentagone, pourtant fondement historique de la sécurité continentale depuis 1945. Pour l’OTAN, l’enchaînement de ces événements ouvre une période d’incertitude : si Washington s’oriente vers une réduction volontaire de son empreinte stratégique, c’est toute l’architecture de sécurité européenne qui devra être repensée. La combinaison du gel des communications militaires et du retrait diplomatique américain à Bruxelles suggère que la relation transatlantique entre dans une phase de redéfinition profonde, dont les conséquences se feront sentir bien au-delà du dossier ukrainien.

 

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